Alors que nous étions en train de prendre un brief auprès d’un dirigeant d’une entreprise sous LBO, une phrase nous a particulièrement interpelés : « peu importe le montant que les employés investissent dans l’entreprise, ce qui compte, c’est que le gain futur puisse leur permettre de changer leur vie ». Au moins les choses sont dites et elles paraissent si claires qu’elles en sont étonnantes de simplicité.
Cette position raisonne particulièrement à l’heure où beaucoup s’interrogent sur l’affectio societatis de l’entreprise mais aussi sur sa finalité. On pense évidemment tous aux modèles disruptifs portés par Uber ou encore à l’intégration de la génération Y. Ces constats sont souvent le fruit d’une perception commune que le monde change. C’est une certitude et heureusement, mais cela fait plus de 20 ans que nous l’entendons. Il faut donc faire avec et s’attacher, plutôt à des invariants qui ne changeront ni dans l’espace ni dans le temps de l’entreprise.
Qui dit entreprise, dit dirigeant. Il n’y a pas si longtemps, on aimait dire qu’un « chef était là pour cheffer ». Le chef donne des ordres et les subordonnés exécutent. Point. Mais être un dirigeant, c’est avoir une vision, l’incarner et savoir formuler une Promesse vers laquelle ce dernier doit entraîner ses équipes. Aujourd’hui, on dirait qu’il faut un peu d’intelligence émotionnelle pour chercher l’adhésion, en plus d’une sérieuse capacité analytique.
La vision est critique mais arrêtons nous sur la Promesse. Elle peut prendre plusieurs formes, celle de s’enrichir, de promouvoir des valeurs ou encore de satisfaire des projets personnels. Dans notre quotidien d’executive search, des entreprises comme des candidats adhèrent à tout ou partie de la promesse. Les exemples sont pléthoriques, aujourd’hui plus qu’avant, puisque la palette peut aller de la satisfaction client, à la passion pour un mode de production jusqu’à la sauvegarde de notre Planète. Il n’y en a ni de bonne ni de mauvaise et encore moins d’unique car, in fine, chacun de nous la conçoit selon sa propre conception pour formaliser son engagement, en conscience.
Or cet engagement est lié au consentement qui est l’élément déclencheur permettant de suivre un dirigeant. Ces derniers temps, cet engagement s’est délité, voir a disparu, car la promesse incarnée par le dirigeant n’est plus là. Peut être cité le chef d’entreprise qui promeut des valeurs sans les vivre au quotidien, ou celui qui n’agit pas contre une organisation bureaucratique alors qu’il promeut l’agilité et l’intrapreunariat. La recherche du consentement au travers de l’engagement est donc importante mais il est encore plus important de présenter des régles, pourvu qu’elles soient claires, précises et partagées vers une finalité quasi existentielle : le bien commun.
Rechercher le consentement pour susciter l’engagement nécessite d’incarner une Promesse au travers de la personne du dirigeant. Pour ce faire, il y a un certain nombre de principes presque des règles d’hygiène de vie. Le premier est la sobriété qui doit s’exprimer dans la pondération de la décision mais aussi dans la tempérance du jugement. Le second s’incarnerait dans la responsabilité à l’endroit des actionnaires pour garantir le risque qu’ils ont pris à destination des équipes en leur donnant autonomie et soutien. Aussi envers les parties prenantes de l’entreprise au premier rang duquel notre Planète. Le troisième porterait sur l’exemplarité qui prend sa forme dans le comportement au quotidien et dans l’action.
Rien de nouveau sous le soleil, cela a été dit maintes fois par d’éminents professeurs et a été incarné plusieurs fois par d’illustres Ainés. Pas de doute qu’il y a des dirigeants inspirants, ceci étant, on peut aller plus loin. En effet, l’alignement entre la vision et la Promesse du dirigeant, d’un côté, et les motivations et le consentement des équipes, de l’autre côté, ouvre des possibilités pour l’entreprise comme la capacité accrue de l’organisation à attirer des talents nouveaux et expérimentés. Or celle-ci est critique pour adapter et transformer son organisation. Ce point est d’ailleurs de plus en plus exprimé par les candidats dans les processus de recrutement. Pas de Promesse claire, pas d’engagement à vouloir changer de job.
Alors oui, la Promesse est importante. Elle prend du temps à être formulée mais elle devient centrale car continuer de penser qu’ « elle n’engage que ceux qui l’entendent » revient à mettre en danger l’avenir de l’entreprise que le dirigeant conduit. Promettre, c’est donner une certaine idée de l’engagement qui est un moteur puissant. Il est toujours bon de se rappeler, alors même que nous sommes tous en responsabilité, quelle est la promesse vis-à-vis des personnes qui nous entourent… En apportant cette Promesse, nous en sortirons tous grandis !
Rodolphe Monnet, Executive Talent Advisor, Beyond Associés