LES DIRIGEANTS SONT EN PREMIÈRE LIGNE POUR AFFRONTER l’ÉPIDÉMIE DE COVID-19. CLOTILDE DORÉ, EXECUTIVE COACH CHEZ BEYOND ASSOCIÉS, DONNE DES PISTES POUR FAIRE FACE, AU QUOTIDIEN , À UNE CRISE DONT ON NE CONNAÎT PAS LA FIN.
MADAME FIGARO. -Vous coachez de nombreux dirigeant(e)s, dont plusieurs du Cac 40. Face à la pandémie, quel est le premier rôle d'un manager?
CLOTILDE DORE. Avant tout, de prendre le pouls de ses équipes. Comment chacun réagit-il au risque de contamination ? À quelles questions urgentes les équipes attendent-elles une réponse?
Certains ont peur, et ils ont le droit de l'exprimer. Un climat comme celui-ci demande de savoir provoquer des moments d'écoute informels, en tête à tête ou en petit groupe, et où chacun peut poser les questions qu'il n'ose pas poser dans une grande assemblée. Ensuite, on doit aussi communiquer en toute franchise sur les difficultés : oui, l'activité économique est ralentie, voire en danger. La prise de conscience doit être collective. Cela demande du courage, mais la transparence du message inspirera la confiance nécessaire pour construire ensuite, et ensemble, des solutions.
Les entreprises adoptent une série de mesures d'urgence. Comment les communiquer à ses équipes sans créer la panique?
D'abord, en se méfiant de deux tentations : celle de trop dédramatiser l'épidémie- « ce n'est qu'une grosse grippe » - et celle de surprotéger les salariés, de les mettre en position de « victime ». Un manager n'est pas un sauveur. Ce dont ont besoin les salariés, c'est d’un cadre clair. On peut donc faire des recommandations pour le court terme - privilégier les relations à distance, maintenir des relations avec ses clients - mais surtout anticiper : comment s'organise-t-on demain si ... ? L'entreprise doit montrer qu'elle est prête à toutes les éventualités. Pour se rassurer face à la crise, on a besoin, d'abord, de pouvoir se projeter à court terme.
Quelle est «la» qualité dont il va falloir faire preuve?
J'en citerai deux: fermeté et flexibilité. Savoir fixer le cadre des impératifs à suivre par tous, tout en sachant entendre les cas particuliers. Cela s'organise.
Comment maintenir la motivation?
En rappelant que l'entreprise a besoin de l'énergie de tous pour maintenir l'activité et préparer l'après-crise. En revanche, quand la situation évolue d'heure en heure ce n'est pas le meilleur moment pour faire évoluer la stratégie ou les objectifs de performance.
On risque de devoir changer de tactique toutes les semaines, ce qui serait très perturbant pour les équipes. C'est plutôt le moment d'innover pour trouver comment assurer la continuité du business. Et surtout de faire vivre les valeurs de l’entreprise, le respect, l'entraide, le sens du collectif... C'est souvent dans l'adversité que ces valeurs se concrétisent et que se nouent des liens solides et durables. On a besoin les uns des autres pour se rassurer et se motiver.
Alors parlons, aidons-nous, partageons nos doutes... et nos idées nouvelles, même si c'est par téléphone.